Cooperation Régionale - Partie VII

VII - RECRUTEMENT ET PARCOURS DES COOPERANTS

L'idée de partir en mission dans un pays étranger, au contact d'une autre culture et d'une autre réalité, séduit depuis qu'ont été médiatisées les expériences des "French Doctors". Le romantisme n'est cependant pas seul à avoir droit de cité dans ces projets. De plus en plus, les institutions et les entreprises reconnaissent et apprécient ce que de telles expériences peuvent apporter à de jeunes professionnels : maturité, sens pratique, esprit d'initiative, créativité, valeurs d'engagement et de solidarité.

En conséquence, le recrutement des coopérants devra se caractériser par sa sélectivité. La réussite d'une entreprise comme le développement de la Coopération de la Martinique réclame en effet de ses acteurs compétence, dynamisme, créativité, adaptabilité et disponibilité.

VII.1 - Recrutement et Formation des Coopérants

VII.1.a - Une sélection drastique

La sélection des femmes et des hommes appelés à représenter la Martinique auprès des peuples de la Caraïbe devra être basée tant sur l'excellence de leurs compétences que sur leurs savoir-être : capacités de communication, sens des relations humaines et du travail en équipe, capacité à concevoir et à gérer un projet, à s'impliquer dans une action en fixant des objectifs ambitieux, etc.

Le niveau de formation constitue un premier critère : seront retenus dans cette optique les titulaires de diplômes de deuxième ou de troisième cycle de l'enseignement supérieur (Bac +4 ou +5), une place étant faite également aux titulaires d'un Brevet de Technicien Supérieur. A côté de cette approche académique, le recrutement devra savoir faire une place à des profils caractérisés par la qualité de leur expérience personnelle (engagement associatif, service militaire…) et professionnelle.

Un processus en deux temps

En plus de l'étude des dossiers de candidature classiques (curriculum vitae, lettre de motivation, personnes de référence…), la procédure de sélection inclura une session combinant travail personnel et travail en équipe. Réalisation de dossiers de synthèse, présentations orales et mises en situation (jeux de rôles) permettront de mieux évaluer les capacité d'analyse, l'aisance relationnelle et le sens collectif des candidats.

Il va sans dire que la maîtrise à l'oral et à l'écrit des langues anglaise et espagnole sera évaluée.

VII.1.b - Formation : Le terrain en perspective

Compte tenu des exigences des activités de coopération au développement, la maîtrise de savoir-faire essentiels doit être évaluée et au besoin optimisée : gestion participative de projets, conduite de réunions, montage de projets, rédaction de rapports et de notes de synthèse, communication et utilisation de l'outil informatique.

L'acquisition de quelques techniques de base (logistique, premiers gestes de secourisme...) complétera utilement une telle formation qui se déroulera idéalement sous forme d'une expérience de groupe (de type séminaire résidentiel), de nature à créer des liens entre les membres d'une même promotion.

A l'arrivée sur le terrain, il est essentiel que les 2 ou 3 premières semaines du séjour du(de la) Coopérant(e) soient consacrées à son immersion dans la réalité locale, et à la constitution de ses réseaux institutionnels et personnels. Présentations formelles aux personnalités et aux institutions, expériences spontanées et autonomes, visites de terrain doivent alterner et faire l'objet d'une évaluation continue. Le rôle de l'encadrement sera à cet égard déterminant, puisqu'il devra veiller au bon "démarrage" de chaque mission.

VII.2 - Un parcours progressif et modulaire

Le parcours des coopérants est conçu pour se dérouler sur un à trois modules de 6 mois chacun, pouvant correspondre à divers degrés de responsabilité et d'autonomie. La définition des objectifs de chaque module et les procédures d'évaluation et de planification qui l'accompagnent, ainsi que les transitions permettent de formaliser l'encadrement et d'impliquer au maximum le coopérant dans la construction de son parcours. Une telle construction constitue également un gage d'adaptabilité à la fois des missions et de la présence sur le terrain de l'Agence.

Des parcours différents selon les filières

Les filières "Soutien aux Institutions et Collectivités Publiques" et "Droits Humains et Développement Social" semblent être prédisposées à des missions sur deux ou trois modules, permettant aux coopérants d'acquérir une véritable expertise de terrain et d'organiser sur la durée le développement et la pérennisation de leurs réalisations.

La filière "Prospection Commerciale et Transferts de Technologie", pour sa part, pourra, selon les objectifs fixés par les entreprises partenaires, se limiter à un module de six mois, durée suffisante pour permettre l'établissement de relations d'affaires et assurer l'insertion professionnelle des coopérants. Il s'agit en effet d'éviter, par une mise à disposition trop prolongée, la recherche systématique d'aubaines qui se matérialiseraient au détriment de l'Agence et des Coopérants. L'objectif recherché est donc une intégration aussi rapide que possible des Coopérants dans l'une ou l'autre des entreprises, voire les deux, en cas de joint-venture. Des missions plus longues (en institutions consulaires) ou plus courtes (autour de manifestations ponctuelles) peuvent également être envisagées.

VII.3 - Après la mission…

Au terme d'une expérience exigeante de 12 à 18 mois, les coopérants auront fait la preuve de leurs capacité à relever des défis et à développer des solutions dans des conditions parfois difficiles. On attendra encore d'eux des efforts supplémentaires.

Objectif N°1 : Insertion professionnelle

L'objectif principal à la sortie de la mission est l'insertion professionnelle, par la médiatisation des expériences et par le recours aux réseaux développés dans les entreprises et les institutions, tant par les coopérants que par l'Agence. Ces entreprises et ces institutions auront la certitude de disposer de cadres de valeur, à même de contribuer efficacement au développement de leur structure et de lui donner une dimension véritablement caribéenne.

L'insertion professionnelle des coopérants est envisagée prioritairement en Martinique, mais il n'est évidemment pas à exclure que certains choisissent de s'installer dans le pays où ils auront travaillé … ou ailleurs. Dans tous les cas, leur expérience aura dotée les coopérants de réseaux caribéens leur permettant une mobilité ponctuelle en fonction des besoins de l'entreprise ou de l'institution (colloques, missions exploratoires, visites de terrain…). Le carnet d'adresse de l'Agence leur sera ouvert, à travers par exemple la constitution d'une "Association des Anciens".

Contribuer au développement de l'Agence de Coopération Régionale

Un travail fondamental d'analyse, d'évaluation et de proposition est attendu du coopérant. A travers la valorisation pédagogique de son expérience (rédaction d'un mémoire), et également sous d'autres formes, il sera attendu de lui qu'il remette en cause de manière constructive la structure de coopération, son fonctionnement, ses interactions avec les milieux caribéens et avec ses partenaires. Ce travail sera essentiel pour construire une " mémoire" de la coopération.

Constituer une "Banque de Compétences"

Le plan de développement sur 6 ans de l'Agence fait apparaître que sur cette période, un minimum de 100 personnes, Coordonnateurs, coopérants et Assistants, auront été mobilisés pour des périodes allant de 6 mois à 3 ans ou plus.

Il apparaît essentiel de valoriser les informations rassemblées lors du fonctionnement de l'Agence, qu'il s'agisse du recrutement du personnel ou des recherches effectuées pour le développement des projets, en constituant une base de données ouvertes aux entreprises, institutions et organisations recherchant des compétences caribéennes pour leur développement. Des partenariats avec l'Agence Nationale pour l'Emploi, l'Association pour l'Emploi des Cadres et les cabinets de conseil en recrutement de l'ensemble de la Caraïbe doivent être envisagés en ce sens.

VII.4 - Partenariats pédagogiques

De même que les réflexions théoriques doivent se nourrir de l'observation et de l'analyse des réalités de terrain pour échapper à la spéculation stérile, l'action concrète doit s'appuyer sur un travail de réflexion et de conceptualisation dynamique, pour ne pas se limiter à un pragmatisme répétitif et sans perspectives.

Les projets de coopération ont vocation à constituer des objets d'étude, parallèlement à leur développement.

Le partenariat des institutions de formation, en Martinique comme dans les pays d'accueil, constitue de ce fait une évidence, et peut être envisagé de diverses façons, selon la nature du projet.

VII.4.a - Intégration de l'expérience de coopération dans un cursus de formation

Une expérience en coopération d'une durée compatible à la fois avec les impératifs de l'enseignement supérieur et avec un objectif d'efficacité réelle peut être réalisée sur une durée de 5 à 6 mois. Il est donc envisageable que l'Agence propose aux étudiants des stages de cette durée, correspondant à un module classique.

De telles expériences pourront être proposées une fois que l'implantation de l'Agence sur son terrain d'intervention sera bien assurée. Seront concernés a priori des stagiaires de niveau Bac +3 ou +4 : Licence, Maîtrise, fin de cursus en Ecole de Commerce ou d'Ingénieur. L'ouverture de telles opportunités à des Techniciens Supérieurs en cours de formation, ou à des personnes en formation continue, n'est cependant pas à exclure.

VII.4.b - Accès aux ressources pédagogiques des institutions de formation

Le développement des actions de coopération, en même temps qu'il donne lieu à la production de travaux de réflexion théorique et de recherche, sera l'occasion pour que soient identifiées les lacunes éventuelles des coopérants. La préparation des missions est a priori le moment ou un bon nombre de ces lacunes émergeront. Des partenariats doivent être établis avec les institutions de formation de Martinique pour répondre à ces besoins.

Des procédures souples et réactives doivent être mises en place pour assurer la formation complémentaire des coopérants ou l'encadrement de leur travail de recherche. L'organisation de tutorats et de séminaires spécifiques semble le type de solutions à adopter.

Envisager la création de certificats

Si les stages en coopération s'intègrent par définition dans les objectifs des institutions de formation et de recherche, il doit être envisageable de sanctionner les expériences des autres coopérants qui développeraient un travail de recherche suffisamment remarquable, par un certificat validant leur mémoire et leur expérience, et ouvrant éventuellement la possibilité d'accéder par équivalence à un cursus de formation supérieure.

Partenariats possibles

- Université des Antilles et de la Guyane

(particulièrement les centres de recherche : CRPLC, CEREGMIA, GEODE Caraïbe…)

- Ecole Internationale des Affaires et du Management (E.I.A.M.)

- Chambre de Commerce et d'Industrie de la Martinique

(notamment pour les formations en langues)

- Lycées d'Enseignement Secondaire ou Technique

(en particulier les Sections de Techniciens Supérieurs)

- Centre de Formation Professionnelle des Adultes

- Centres de formation professionnelle privés



Aucun commentaire: