Histoire de la Martinique (4/6)
Mis en ligne le 2 juillet 2004.
LA LIBERTE TOUT DE MEME
Les évènements du 22 Mai
Le début du XIXème siècle se caractérise par une agitation croissante,
les révoltes d'esclaves se multipliant en Martinique : 1811 à Saint
Pierre, 1822 au Carbet ... L'insurrection de 1831 à Saint Pierre, les 9
et 10 Février, fait de nombreuses victimes.
L'abolition de l'esclavage dans les colonies anglaises, en 1833 accentue
la revendication de liberté, tandis que le mouvement abolitionniste en
France, dirigé par Victor SCHOELCHER, exerce une pression croissante sur
les autorités.
1848 - La Révolution de Mars 1848, aboutissant au renversement de Louis
Philippe et à l'instauration de la IIème République, n'est pas sans
échos aux Antilles. L'espoir vient du fait que Victor SCHOELCHER est
nommé Ministre des Colonies.
Dès le mois d'Avril, les manifestations d'esclaves font régner un climat
insurrectionnel. L'attente de la proclamation de l'affranchissement de
tous les esclaves a fait cesser le travail sur les plantations et
bouleversé les relations.
Ainsi, quand le 20 Mai, sur une habitation de Saint-Pierre, l'esclave
ROMAIN, qui joue du tambour pour accompagner ses camarades qui râpent le
manioc, malgré l'interdiction formelle du géreur, est emprisonné, c'est
l'émeute. Une manifestation autour de la prison de Saint Pierre le fait
libérer le 21. De retour de la ville, un groupe venu du Prêcheur,
localité au Nord de Saint Pierre est pris dans une embuscade montée par
un planteur. Vingt cinq personnes sont tuées, ce qui déclenche une
insurrection généralisée.
Arrivant de Fort-De-France, capitale administrative, le Gouverneur
ROSTOLAN est contraint par une foule déterminée à proclamer le 22 Mai
l'abolition de l'esclavage. Les choses se passent de manière similaire à
la Guadeloupe, le 27 Mai.
La symbolique du 22 Mai 1848 est forte. En effet, le décret de Victor
SCHOELCHER, daté du 27 Avril à Paris, n'est pas directement à l'origine
de la fin du régime de l'esclavage. Celle-ci résultant bien de l'action
directe des esclaves qui ont conquis leur liberté au lieu d'attendre
qu'elle leur soit octroyée. Les événements de Mai 1848 sont notamment
relatés dans Texaco, de Patrick CHAMOISEAU.
LE SECOND EMPIRE
Commencé en 1851, le régime du Second Empire marque de façon nette une
contre-révolution. Alors que les plantations sont désertées par une
population libre qui essaime dans les hauteurs pour y pratiquer une
agriculture de subsistance, un régime proche du travail forcé est
instauré. Le "vagabondage" est interdit, chacun devant pouvoir justifier
d'une activité salariée, sous peine d'être "recruté" pour la production
de sucre dans les plantations. Le manque de main d'oeuvre conduit par
ailleurs au recrutement de nouveaux bras en Afrique, en Chine et
notamment en Inde (Pondichéry et Madras, comptoirs français). De
nouveaux éléments se mêlent progressivement à la population, et les
"Koulis", descendants de travailleurs hindous, se remarquent encore
aujourd'hui en Martinique et surtout en Guadeloupe.
1870 - L'effondrement du Second Empire, après la guerre
franco-prussienne de 1870, et la proclamation de la IIIème République
favorise l'expression du mécontentement populaire. Après l'affaire LUBIN
(un jeune homme condamné à cinq ans de bagne pour s'être vengé de son
agresseur, un planteur qui l'avait frappé à coup de cravache), une
insurrection commence le 22 Septembre dans le Sud de la Martinique,
dirigée par Louis TELGA et Lumina SOPHIE. En quelques jours, 44
habitations sont incendiées par les ouvriers agricoles révoltés. La
répression, impitoyable, fait de nombreuses victimes. Douze chefs sont
fusillés, mais TELGA échappe aux recherches, malgré l'importance de la
récompense promise. Lumina SOPHIE, elle, sera condamnée aux travaux
forcés à perpétuité, à l'âge de 19 ans...
A suivre : LA TROISIEME REPUBLIQUE
1 2 3 4 5 6
© Bwabrilé, 2 juillet 2004.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire