Histoire de la Martinique (2/6)

Histoire de la Martinique (2/6)
Mis en ligne le 2 juillet 2004.

LA TRAITE ET L'ESCLAVAGE
Fondements de l'Histoire Antillaise

Le développement de la culture de la canne à sucre, dans la seconde
moitié du XVIIème siècle, demande un apport en force de travail que les
engagés (Français liés par un contrat de trois ans à celui qui paie leur
voyage aux Antilles) ne peuvent fournir. Suivant l'exemple des colonies
espagnoles ou portugaises, les Antilles Françaises vont recourir de
façon massive à la Traite, en achetant les Africains enlevés à leur
continent et déportés aux Amériques.

La mortalité élevée (épuisement, mauvais traitements, suicides) des
esclaves conduit à intensifier la traite. Le commerce triangulaire
s'organise.

Partis des ports négriers de Nantes, Bordeaux ou La Rochelle, les
bateaux arrivent sur les côtes africaines du Sénégal, de Guinée ou
d'Angola. Ils troquent les captifs (prisonniers de guerre, condamnés,
victimes de razzias) contre des marchandises diverses : barres de fer,
étoffes, alcool, poudre, armes, verroterie). La traversée de
l'Atlantique jusqu'aux Amériques se déroule dans des conditions
inhumaines, qui provoquent souvent la mort d'un tiers des Africains. Une
fois aux Antilles, ils sont vendus ou échangés aux planteurs, contre des
denrées coloniales : tabac, indigo, coton, mais principalement sucre et
rhum, qui vont devenir pour des siècles la base de l'économie
antillaise.

L'esclavage a marqué les Antilles de manière indélébile. La culture
créole, synthèse des civilisations européennes, africaines et
amérindiennes qui se sont rencontrées autour de la Mer des Caraïbes, au
Nord de l'Amérique du Sud et au Sud des Etats-Unis, en porte les
stigmates. L'organisation inégalitaire des sociétés et de l'économie,
l'omniprésence du racisme sous des formes et à des degrés variés en
sont, tout comme les formes artistiques, les musiques, les langues...
Les formes verbales du Créole des Antilles Françaises, de Haïti et de
Louisiane, sont proches soit de l'infinitif, soit de l'impératif des
conjugaisons françaises. Marque propre à une langue forgée dans un
contexte d'oppression.

Les esclaves des plantations ne se sont pourtant pas toujours résignés à
leur sort. Leur résistance prenait de nombreuses formes : suicides,
avortements, empoisonnement du bétail ou des personnes... La pratique du
marronnage, évasion plus ou moins prolongée, souvent définitive,
conduisait à la constitution de maquis, d'autant plus stables que le
territoire était étendu. Le Brésil, les Guyanes, Haïti ou la Jamaïque
ont vu se constituer des ensembles durables, formant au Brésil de
véritables Etats, comme Palmares.

Le marronnage est resté aux Antilles Françaises un phénomène plus
limité, les groupes de Marrons participant aux flambées de violence qui
enflammaient (au sens propre) de nombreuses plantations à intervalles
réguliers.

A suivre : ESCLAVAGE ET REVOLUTION FRANCAISE

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© Bwabrilé, 2 juillet 2004.

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