HARLEM HELLFIGHTERS (2/3)

HARLEM HELLFIGHTERS (2/3)
Mis en ligne le 14 juillet 2005.

En France : Le 369ème Régiment d'Infanterie en action

Décembre 1917 : Le départ pour la France

De nombreux incidents retardèrent le départ du 15ème Régiment
d'Infanterie de la Garde Nationale de New York pour la France, où
l'effort de guerre américain réclamait des renforts. Le 3 Décembre 1917,
dans une très forte tempête de neige, le navire transportant les troupes
prit la mer... avant d'entrer en collision avec un tronc d'arbre
flottant dans les eaux costales. Le trou crée dans la coque, au dessus
de la ligne de flottaison, fut colmaté par les moyens du bord (planches
de bois et ciment) et la traversée de l'Atlantique commença.

Harlem Hellfighters (Source : www.redstone.army.mil) - 26.8 ko
Harlem Hellfighters
(Source : http://www.redstone.army.mil/)

Arrivé à Brest le 27 Décembre 1917, le Régiment fut transféré à Brest...
où il fut employé à construire une voie ferrée, des routes et à
décharger des navires. Les soldats commençaient alors à se demander
quand ils seraient envoyés au combat. Bien entendu, les intentions de
l'Etat-major américain n'étaient guère d'envoyer au combat des
Afro-Américains, ce qui fut le cas lors de la Guerre de Sécession pour
les premières unités de couleur.

Le 15ème change de nom et passe sous commandement français

Transféré à Colquidan, site d'un camp d'artillerie de l'Armée US, un des
bataillons du Régiment fut affecté à la garde des prisonniers de guerre
allemands. Ce n'est qu'en Février-Mars 1918 que le Régiment fut renommé
369ème d'Infanterie puis transféré à l'Armée française, à
Givry-en-Argonne, pour être entrainé à l'usage des équipements français.

Le transfert de l'unité à l'Armée française, pour paradoxal qu'il soit
(les troupes américaines étaient bien structurées et organisées sous le
commandement du Général PERSHING), révèle que le racisme de l'Etat-major
américain empêchait l'intégration de troupes Afro-Américaines (alors que
PERSHING en avait fait ample usage peu avant au Mexique), alors que
l'Etat-major français, sous l'impulsion du Général MANGIN, voyait d'un
bon œil l'emploi d'une "Force Noire" dont la mentalité a priori
primitive (fatalisme, mépris de la mort) ferait merveille dans l'enfer
des tranchées.

En plus de l'habileté des soldats Afro-Américains au lancer de grenades
ou au maniement de la baïonnette, l'extraordinaire facilité des soldats
du 369ème à apprendre le Français stupéfia les officiers les encadrant.
Parlant Français couramment au bout d'une ou deux semaines, une grande
partie des soldats recrutés à New York étaient en fait nés en Louisiane
et avaient gardé en mémoire une langue qu'ils avaient pratiquée dans
leur enfance.

Le 369ème au combat

En Mai 1918, le 369ème d'Infanterie fut transféré à Massiges, une zone
d'intenses combats de tranchées. Un petit nombre d'hommes fut affecté à
diverses compagnies françaises, afin qu'ils apprennent les rudiments du
combat de tranchées.

Après deux semaines, le Régiment fut envoyé au combat dans la zone du
Bois d'Hauze (Champagne), où il teint un secteur correspondant
approximativement à 20% de l'ensemble tenu par les troupes américaines à
ce moment. Tenant sa position jusqu'au 4 Juillet 1918, le 369ème fut
fortement affecté par le feu ennemi, avant d'être relevé par les troupes
françaises du 4ème Régiment de Chasseurs a Pied.

Le 369ème à l 'assaut(Source : http://www.army.mil/) - 43.3 ko
Le 369ème à l 'assaut
(Source : http://www.army.mil/)

Après quelques jours de repos, le Régiment fut positionné le 15 Juillet
dans le secteur de Minancourt, près de la Butte de Mesnil, pour stopper
une imminente offensive allemande. Tenant leur position jusqu'à la fin
du mois de Juillet, le 369ème fur relevé et envoyé à l'arrière pour un
entrainement au combat en terrain ouvert, mais l'urgence de la situation
sur leur précédente position les fit rappeler sur place.

La tactique française à ce moment de la guerre était de gazer les
souterrains et abris d'une zone, puis de se replier pour provoquer une
offensive allemande, laquelle était reçue par une salve d'artillerie.
Les soldats allemands se réfugiant dans les abris étaient alors piégés
par les gaz. Trouvant sur les cadavres allemands suffisamment de fusils
MAUSER pour équiper l'unité entière, les hommes du 369ème s'équipèrent
donc de fusils pris à l'ennemi, dont le fonctionnement leur rappelait
les SPRINGFIELD américains de leur entrainement initial. Il fallut
beaucoup de persuasion de l'encadrement français pour qu'ils reprennent
finalement les fusils français.

Le 26 Septembre 1918, après avoir été transféré de la 16ème à la 161ème
Division, le 369ème conduisit une offensive d'envergure, à
Maison-en-Champagne. Au terme de cette offensive menée avec des troupes
marocaines, le 369ème reçut la Croix de Guerre, 171 de ses hommes
recevant une citation pour la Croix de Guerre ou la Légion d'Honneur
pour leur héroïsme au combat.

Plus d'un mois plus tard, l'Armistice signée, le 369ème fut la première
unité Alliée à atteindre le Rhin, à Blodelsheim, le 18 Novembre 1918, en
progressant en avant-garde de la 161ème Division.

Accomplishments

La participation de cette unité Afro-Américaine à la Première Guerre
Mondiale fut l'occasion de nombreux exploits et d'actions décisives.

En restant sur le front 191 jours, le 369ème battit le record de
participation des unités américaines aux combats.

Avec 200 morts et plus de 800 blessés, le 369ème a pu s'enorgueillir de
n'avoir eu aucun homme capturé, alors qu'ils capturèrent plus de 400
soldats allemands (en fait, les prisonniers capturés par le 369ème le 14
juillet 1918 informèrent les Alliés des plans allemands pour une
offensive imminente, qui fut ainsi déjouée).

Les exploits des hommes du 369ème, relatés par la presse aux Etats-Unis,
provoquèrent un très fort sentiment de fierté dans la communauté
Afro-Américaine. De retour à New York, le 369ème défila triomphalement à
Harlem avant d'être démobilisé.

- 1/3 : Les Origines
- 2/3 : la Guerre en France
- 3/3 : l'Héritage

© Bwabrilé, 14 juillet 2005.

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