HARLEM HELLFIGHTERS (3/3)

HARLEM HELLFIGHTERS (3/3)
Mis en ligne le 14 juillet 2005.

L'héritage des Harlem Hellfighters

Une nouvelle fierté politique pour les Afro-Américains ?

La vague de violence raciale qui balaya les Etats-Unis après la Première
Guerre Mondiale (nombreux lynchages) fut une réaction à la nouvelle
attitude des Afro-Américains après une guerre au cours de laquelle ils
avaient prouvé leur valeur.

Il est à noter que dans l'histoire de la communauté Afro-Américaine, la
participation aux divers conflits auquel le pays a été mêlé a souvent
constitué un enjeu politique de taille, que l'on peut rapprocher de «
l'impôt du sang » versé par les vieilles colonies françaises
(aujourd'hui Départements d'Outre-Mer) depuis les exploits de la
Division Bleue d'Infanterie Coloniale lors de la guerre
franco-prussienne de 1870.

Même si certains ont vu dans l'utilisation de troupes noires un recours
facile à de la chair à canon, les exploits des troupes afro-américaines
comme les Buffalo Soldiers, combattant les rébellions indiennes dans
l'Ouest américain après la guerre de Sécession, ou comme les Harlem
Hellfighters sur le théâtre européen de la Première Guerre Mondiale ont
constitué des motifs de fierté contribuant à la construction d'une
identité civique pour une communauté jusqu'alors marginalisée.

Plus tard, l'exemple des vétérans de la Seconde Guerre Mondiale a, dans
la même direction, alimenté le mouvement des Droits Civiques des années
50-60. Ainsi, des groupes d'autodéfense comme les Deacons for Defense,
constitués de vétérans des troupes d'élite de la Guerre de Corée,
s'identifièrent comme une riposte potentielle aux violences du Ku Klux
Klan. La Guerre du Viet Nam, enfin alimenta les mouvements radicaux
comme celui des Black Panthers en rhétoriques et méthodologies
paramilitaires.

Et la France découvrit le Jazz...

La fanfare du 369ème Régiment d'Infanterie fut dirigée par le Lieutenant
James Reese EUROPE, au nom prédestiné. Après la fin des hostilités,
cette fanfare, dans laquelle jouaient de jeunes musiciens originaires du
Sud des Etats-Unis et notamment de la Louisiane, donna une série de
concert familiarisant le public français avec les formes musicales
afro-américaines.

James Reese EUROPE(Source : www.archives.gov) - 34.1 ko
James Reese EUROPE
(Source : http://www.archives.gov/)

James Reese EUROPE était déjà, avant guerre, un musicien accompli,
dirigeant en 1910 un orchestre de 150 musiciens, le Clef Club, qui fut
un des premiers orchestres noirs à jouer au prestigieux Carnegie Hall.
Se produisant dans les clubs les plus select d New York, comme celui du
Waldorf Astoria, EUROPE s'engagea dans le 15ème Régiment d'Infanterie de
la Garde Nationale de New York (futur 369ème d'Infanterie) pour en
diriger la fanfare. Accessoirement, il se spécialisa dans le maniement
des mitrailleuses.

Deux semaines après le retour du 369ème, Jim EUROPE dirigea son
orchestre dans une série d'enregistrements pour la Pathé Frères
Phonograph Company de Brooklyn. Ces enregistrements sont aujourd'hui
considérés comme des pièces historiques par les amateurs de Jazz.

Pochette d'un des disques PATHE des HellFighters - 56.8 ko
Pochette d'un des disques PATHE des HellFighters

Après avoir conduit la fanfare de son régiment lors de sa marche
triomphale dans les rues de Harlem, James Reese EUROPE mourut le 10 mai
1919, tué par un musicien de son orchestre suite à une dispute. Après
avoir survécu à l'un des conflits les plus meurtriers de l'Histoire, il
fut enterré avec tous les honneurs militaires au cimetière d'Arlington,
en Virginie.

Il faut aussi se rende compte que l'héritage du 369ème en France ne
faisait que commencer à fleurir. L'engouement du public français une
fois connu de l'autre coté de l'Atlantique, plusieurs artistes virent à
la rencontre du public français, au nombre desquels une jeune Créole
dont le talent comique n'avait d'égal que ses qualités de danseuse :
Joséphine BAKER. De nombreux artistes afro-américains, après lecture des
récits des soldats du 369ème, en virent à considérer Paris comme un
refuge aux pressions raciales subies aux Etats-Unis. Langston HUGUES,
Claude McKAY, Richard WRIGHT, James BALDWIN, parmi les hommes de
lettres, Miles DAVIS ou Quincy JONES parmi les jazzmen firent de Paris
une des capitales mondiales du Jazz.

Une reconnaissance tardive

L'Histoire du 369ème régiment d'Infanterie est encore plus inconnue en
France que l'épopée des Tirailleurs Sénégalais. Cependant, il faut
reconnaître qu'en Février 2001, un monument aux Harlem Hellfighters a
été inauguré à Séchault.

Inauguration du monument de SECHAULT (08)Le Capitaine Troy MOSLEY prend
la parole - 20.8 ko
Inauguration du monument de SECHAULT (08)
Le Capitaine Troy MOSLEY prend la parole

Par ailleurs, le 22 Février 1999, le Caporal Herbert YOUNG et le Soldat
Robert THOMAS reçurent la Légion d'Honneur au Consulat de France de New
York, dans une cérémonie débutant un mouvement de décoration de tous les
vétérans états-uniens de la Première Guerre Mondiale.

MM. YOUNG & THOMAS en 1999 - 11.7 ko
MM. YOUNG & THOMAS en 1999

A respectivement 112 et 103 ans, Messieurs YOUNG et THOMAS apportaient
une dernière leçon tirée de l'expérience extraordinaire des Harlem
Hellfighters : une inépuisable patience.

- 1/3 : Les Origines
- 2/3 : la Guerre en France
- 3/3 : l'Héritage

© Bwabrilé, 14 juillet 2005.

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