Conclusion candide...

Conclusion candide...
mardi 19 novembre 2002 par Alfred LARGANGE
http://www.jenndoubout.org/article.php3?id_article=122

Cocotiers et infrastructures touristiques dans un cyclone médiatique. Les certitudes, les professions de foi, les stratégies stratégisées sur le long terme vacillent. Alors quoi faire ? J’allais dire : "Tout simplement, être soi-même." Pas si simplement, bien sûr. Je finalement, je ne crois pas que ce soit tellement le Monde qui change autour de nous. C’est seulement que nous en avons jour après jour, de désillusion en découverte, une perception de plus en plus large, de plus en plus complète et donc forcément de plus en plus éclatée et de moins en moins cohérente.

Economie surréaliste ? Pourquoi pas ! Avec la fin des idéologies et du Monde "prêt à voir", "prêt à comprendre", à beau dire à beau faire, il reste en boussole à nos frustrations et à nos aspirations l’idéologie du "prêt à consommer", pour peu qu’on en aie les moyens ou que l’on rêve simplement de les obtenir par une voie ou une autre. Mais nous sommes sans illusion face aux ivresses factices des accomplissements proposés : cette idéologie-là est comme les autres qui l’ont précédée : elle sert les intérêts d’une minorité qui l’utilise comme instrument de contrôle social et politique, et assomme de son pragmatisme les points de vues divergents. Alors, dans les couloirs climatisés des centres commerciaux de périphérie, quelle lumière ? Peut-être celle d’une écale de soleil, d’une nouvelle utopie.

Nous sommes debout, notre pays et nous, la main dans la main, nos cheveux au vent, toute étoile tombe du ciel en terre à notre commandement, etc. Première génération en première ligne fce au monde entier. DIAB LA est sorti de la canne, a cultivé son jardin et aimé une femme. Son fils a pris les chemins de l’école, poussé par sa mère ("Et ils ne savaient pas quel femme de combat elle était !"). Nou vini fonksyonè, karant pouwsan ! C’est peut-être un accomplissement trop plein et trop creux, ne bouteille à moitié vide ou à moitié pleine. Et nous alors ? Debout dans le vent, tenant notre pays par la main, les cheveux au vent, prêts à décrocher les étoiles à coup de fistibal... Nous face à nous à un monde qui ne se donne plus à comprendre dans sa globalité, d’autant plus absurde et abscons qu’il vient à nous par tous les câbles sous-marins et faisceaux hertziens qui nous entourent et nous cernent. Nous cernent de près, nous sommes de dire et de faire. Alors Candides, peut-être allons nous cultiver nos jardins avec Cunégonde et dire à Maître Pangloss que les filles de sa révolution préférée sont les putes les plus diplômées du monde et que la dialectique ne sert à rien pour assouvir la douleur du dollar.

Oui, l’Histoire se poursuit, nous le verrons depuis nos petits jardins, qu’ils soient plantés dans la riche terre rouge de notre pays, qui colle aux orteils les jours de pluie, ou alors, hydroponiques et électroniques, labourés de liaisons électroniques pour prouver qu’un arum peut pousser à Hong Kong ou à Sao Paulo, si l’on y verse assez d’amour créole.

Cunégonde nous attend sur le chemin de notre petit jardin créole et Maître Pangloss est déjà couché, bien boulé, devant la Case à Lucie. Sé la i sé lé mò ! Misyé ka fè mwen chyé ! Tant pis pour lui si sa bouteille est à moitié vide !

Moi, je vais cultiver mon jardin. En pensant à chaque pipirit-chantant que nous étions alors quelques uns, debout dans le vent, dans notre poing frêle et fébrile, la main de notre petit pays, si tellement chimérique et bordélique, que nous espérions voir marcher un jour. Sans regrets les gars ! Peut-être un jour allons nous corner le lambi pour une kombite ou une autre. Agricole, fondal-natal.

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