L’Antilope Saloa

L'Antilope Saloa
Mis en ligne le 6 juillet 2005.

Pseudoryx nghetinhensis, une très discrète Antilope asiatique

Saloa en captivité - 30.4 ko
Saloa en captivité
(Source : http://www.ultimateungulate.com/)

L'Antilope Saola est à la fois un des mammifères les plus récents, et
aussi un des plus menacés de la planète, avec seulement quelques
centaines d'individus vivant dans la région montagneuse à la frontière
du Viet Nam et du Laos.

Le plus étonnant est qu'elle soit resté inaperçue pour les scientifiques
établissant l'inventaire de la faune de la région, finalement assez peu
explorée du fait des tumultes du monde des hommes (guerre du Viet Nam).

Pesant une centaine de kilos, mesurant 90 centimètres au garrot,
l'Antilope Saola porte une robe brune agrémentée de marques blanches,
qui la font un peu ressembler à d'autres antilopes forestières
africaines comme le Bongo et le Sitatunga.

Avec son avant-train court et son cou plongeant, ses deux cornes
plaquées contre sa nuque, cet animal a évolué vers une forme lui
permettant de se déplacer rapidement dans la végétation forestière,
comme les céphalophes africains.

Espèce solitaire, limitée à une région couvrant 4 000 kilomètres carrés,
l'Antilope Saola est très discrète. Selon les habitants de cette région
(qui, à la différence des scientifiques occidentaux, la connaissent
depuis des temps immémoriaux), elle n'a jamais été observée près des
villages.

Analyse génétique et parenté

L'affiliation d'une nouvelle espèce d'antilope asiatique a bien sur été
problématique : L'Antilope Saola était-elle poche des Boselaphinés,
comme le Nilgaut Indien ou des Antilopinés comme l'Antilope Cervicapre ?
Une hypothèse moins probable était qu'elle soit rattachée aux
Tragelaphinés africains, comme les Bongos et Sitatungas. On a bien
découvert, au début du vingtième siècle, une espèce africaine de paon
(Afropavo congensis), alors que l'on croyait jusque là les paons
exclusivement asiatiques !

L'Analyse ADN d'un prélèvement sanguin a répondu que l'Antilope Saola
était plus proche des bovins proprement dits, buffles (Bubalinés) et
bœufs d'élevage (genre Bos), que des autres antilopes asiatiques. Un
nouveau genre fut créé dans la classification des ruminants, les
Pseudoryx, dont elle est le seul représentant actuel.

L'analyse génétique de l'antilope Saola est intéressante en ce que l'on
découvre une espèce au bord de l'extinction dont les dernières centaines
de représentants sont les seuls descendants d'une branche qui s'est
distinguées depuis des millions d'années, s'éloignant de ses « cousins »
présents dans la région, au nombre desquels le Gaur (Bos frontalis
readei) et le légendaire Kouprey (Bos sauveli) dont quelques individus
survivent au Nord du Cambodge. Ue autre hypothèse peut être que cette
espèce n'a jamais été très abondante, comme les Pandas.

Les origines du nom scientifique

L'Antilope Saloa a été « découverte »par les scientifiques en 1992,
suite à l'examen de trois paires de cornes collectées dans les villages
montagnards du Nord-Ouest du Viet Nam, dans la réserve de Vu Quang. Le
nom Pseudoryx a été attribue à la nouvelle espèce parce que ses cornes
ressemblent a celles des Oryx, antilopes africaines.

Oryx, antilope africaine - 17.3 ko
Oryx, antilope africaine

Le terme Nghetinhensis fait référence aux provinces vietnamiennes de
Nghe An et de Ha Tinh, frontalières du Laos, où l'espèce a été
découverte.

Le nom Saola est d'origine vietnamienne et est utilisé pour désigner
l'antilope dans la province du Nghe An. Elle est appelé Sun Duong
(chèvre de montagne) dans la province du Ha Ting ou Yang par les
montagnards laotiens.

L'Antilope Saloa est mentionnée dans un appendice de la liste CITES* des
espèces menacées depuis 1993. Quelques centaines de ces antilopes
survivent à l'état sauvage. Une douzaine d`animaux ont été capturés
jusqu'à présent, aucun n'ayant survécu plus de cinq mois en captivité.
De ce fait, le Ministère des Forêts de la République du Viet Nam a
catégoriquement interdit toute capture et tout commerce de l'espèce.

CITES = (Convention on the International Trade in Endangered Species of
Wild Flora and Fauna).

© Bwabrilé, 6 juillet 2005.

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