Histoire de la Martinique (6/6)

Histoire de la Martinique (6/6)
Mis en ligne le 2 juillet 2004.

LA MARTINIQUE, DEPARTEMENT FRANCAIS
Problématiques contemporaines

1946 - Ayant une fois de plus prouvé son attachement à la France, à
laquelle elle est liée depuis plus de trois siècles, la Martinique
demande en 1946, par la voix de ses députés Aimé CESAIRE et Léopold
BISSOL, son accession, avec la Guadeloupe, la Guyane et la Réunion (ce
sont les quatre "vieilles colonies") au statut de département français.

Cette revendication n'est pas neuve. Elle avait été exprimée en 1890,
1915 et 1919, et était en projet depuis 1935 et la célébration du
tricentenaire du rattachement des Antilles à la France.

La loi du 19 Mars 1946 marque la naissance des Départements d'Outre-mer,
auxquels sont étendues les dispositions réglementaires en vigueur dans
l'Hexagone. Cette extension se fait de manière très progressive,
notamment en ce qui concerne les dispositions sociales, et des
dispositions spécifiques (comme la loi de défiscalisation de 1986) leur
sont réservées.

La situation sociale s'améliore progressivement, une évolution jalonnée
de conflits (1948, 1954, 1956). La transformation de l'économie et de la
société martiniquaise est profonde, et n'est pas toujours facile pour la
population. Le secteur du sucre s'effondre progressivement, face à la
concurrence du sucre de betterave ou des producteurs à moindre coÝt que
sont cuba, la République Dominicaine... La production de bananes prend
timidement le relais, mais la réalité s'impose : l'économie
martiniquaise basée sur une agriculture d'exportation n'a qu'un avenir
limité.

L'extension à tous les fonctionnaires de la prime d'éloignement réservée
aux originaires de l'Hexagone, obtenue après un long conflit, produit
une expansion économique sans précédent. L'augmentation des effectifs de
la fonction publique génère une demande dont bénéficient de nombreux
secteurs : alimentation, immobilier et construction, services, loisirs.
L'adaptation n'est cependant pas facile pour tous, et progressivement
apparaît une société à deux vitesses. Le déclin du secteur sucrier cause
le chômage massif d'une population très jeune.

1963 - la création du BUMIDOM (Bureau des Migrations des Départements
d'Outre Mer) constitue la réponse du gouvernement français. Le départ
annuel de 10 000 Antillais vers l'Hexagone, où ils occuperont pour la
plupart des fonctions subalternes dans la fonction publique (Postes,
hôpitaux, administrations diverses) permet de soulager la pression
démographique, sans que les problèmes de fond soient abordés. Même si
certains pointent la dimension politique de la stratégie d'émigration
massive, qui aurait vidé les Antilles Françaises de leurs "forces
vives", il convient de remarquer que l'émigration massive vers les pays
industrialisés a concerné l'ensemble des pays insulaires de la Caraïbe,
que ce mouvement soit organisé (comme à Puerto Rico, vers les
Etats-Unis) ou pas.

Les années 1980 voient une situation globalement stabilisée. Les
revendications indépendantistes des années 1970, nourries du marxisme et
de l'exemple cubain, sont en partie apaisées par la loi de
décentralisation de 1982. Les élites politiques reçoivent un surcroît de
responsabilités dans le développement économique des Antilles, largement
subventionné par l'Etat et par l'Union Européenne. Les infrastructures
se mettent en place alors que semblent se généraliser les valeurs et
comportements de la société consumériste.

Les années 1990 sont, de certains points de vue, celles d'une remise en
cause :

- La solution de l'émigration est disqualifiée par les témoignages de
ceux qui reviennent de France, où s'est constituée une communauté
antillaise nombreuses mais encore peu structurée.

- Le recours systématique aux subventions de l'Etat central atteint ses
limites, en plus des problèmes qu'il pose en termes de dignité. Même les
tenants de l'Indépendance, dont le positionnement se comprenait à
l'époque des luttes anticoloniales et anti-impérialistes des années 60
(en Afrique et en Amérique Matine) ne semblent guère remettre en cause
le "système" et ce qu'il garantit de sécurité matérielle pour les
populations.

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© Bwabrilé, 2 juillet 2004.

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