Guy CABORT-MASSON
Mis en ligne le 13 janvier 2005.
(Homme de Lettres, 1937-2002)
Homme de Lettre autant qu'éducateur et militant de la cause
indépendantiste martiniquaise, Guy CABORT-MASSON a incarné par son
oeuvre littéraire et son combat politique des moments essentiels de la
formation de l'identité martiniquaise.
Né le 12 Juin 1937 à Saint-Joseph, commune du centre de la Martinique,
Guy CABORT, de son vrai nom, effectue ses études secondaires au Lycée
SCHOELCHER de Fort-de-France, puis sort diplômé de l'Ecole Normale des
Instituteurs.
Refusant de se plier au conformisme imposé par sa position de jeune
notable, le jeune instituteur du quartier des Terres-Sainville rompt
avec éclat avec l'Education Nationale (un épisode qu'il relate dans son
autobiographie, "Pourrir c'est martyr un peu"). S'engageant comme
militaire du rang, le jeune CABORT est incité par ses cadres à présenter
le concours d'entrée de l'Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr, qui
forme les officiers de l'Armée de Terre française.
L'expérience algérienne
Jeune officier, il est affecté en Algérie, un pays alors en proie à une
guerre d'indépendance. Refusant d'accepter les faits de torture et les
exactions de ses pairs (un de ses prisonniers FLN est torturé puis tué),
Guy CABORT déserte et rejoint les rangs du Front de Libération Nationale
en 1961, tout comme son compatriote Frantz FANON. La désertion d'un
officier français est un cas aussi grave que rarrissime. Condamné à 20
ans de réclusion par contumace, il sera finalement aministié en 1969.
Rentré clandestinement en France en 1967, sous le nom de Guy
CABORT-MASSON, il reprend ses études et prend contact avec les milieux
étudiants antillais. C'est avec Alex FERDINAND qu'il réalise le premier
drapeau nationaliste martiniquais dont les couleurs, noir, vert et
rouge, rappellent celles portées par les meneurs de l'insurrection du
Sud de la Martinique en Septembre 1870 (événements considérés par les
nationalistes martiniquais comme fondateurs de la nation martiniquaise).
Le drapeau sera brandi pour la première fois lors des manifestation de
Mai 1968.
De retour en Martinique en 1969, Guy CABORT-MASSON est recruté par Aimé
CESAIRE, maire de Fort-de-France. Après avoir lancé la revue "En Avant",
il crée en 1970 l'Association Martiniquaise d'Education Populaire
(AMEP), un établissement scolaire alternatif qui entend développer des
méthodes pédagogiques plus adaptées au contexte socio-culturel
martiniquais, et au sein duquel enseigneront, notamment, Vincent
PLACOLY, Alex FERDINAND et l'historien Edouard DELEPINE. Après une
longue bataille juridique, l'AMEP est finalement reconnue par
l'Education Nationale en 1974.
L'analyste de la société martiniquaise
L'engagement politique de Guy CABORT-MASSON s'est notamment traduit par
plusieurs ouvrages, essais et brochures dans lesquels il a analysé le
fonctionnement de la société et de l'économie martiniquaise. Les
puissances d'argent en Martinique : La caste béké (1981, réédité et
augmenté en 1991) sont le titre le plus connu, après bien sûr son
dernier essai, Martinique, comportements et mentalité (Prix Frantz FANON
1999).
Le romancier
Trois romans témoignent chez Guy CABORT-MASSON d'un talent d'écriture
certain, mêlant observation fine et sensualité : La Mangrove Mulâtre
(1986) dans lequel il décrit les derniers jours de l'esclavage, en 1848
dans le Sud de la Martinique ; La Passion Raziéla (1987) et Qui a tué le
Béké de Trinité (1989) évocation, sous forme de roman policier, d'un
fait divers qui défraya la chronique dans les années 1940.
Guy CABORT-MASSON est également l'auteur d'une autobiographie romancée,
Pourrir ou martyr un peu (1986), à laquelle il souhaitait donner une
suite lors de son décès, le 27 Mai 2002, des suites d'une longue
maladie.
Cet article a été rédigé pour le site d'Iles en Iles
© Bwabrilé, 13 janvier 2005.
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