ABOUT THAT KISS

ABOUT THAT KISS...
Mis en ligne le 3 mai 2006.

La scène se déroule lors de la cérémonie de remise des Oscars en Mars
2002.

Julia ROBERTS est chargée de remettre l'Oscar du meilleur acteur dans un
rôle principal. Sur scène, elle s'exclame "I love my life !" avant de
terminer la lecture du bulletin qu'elle vient de sortir de l'enveloppe.

L'Oscar est attribué à ... Denzel WASHINGTON.

Julia ROBERTS est manifestement très heureuse...
... voir même davantage.

La pétulante actrice se jette soudain sur son confrère pour lui
appliquer un long baiser dont les images font le tour du monde et
provoquent quelques vagues dans les forums de discussion Internet.

L'origine de ce qui n'est qu'un geste à l'intention de la gallerie
remonte neuf ans plus tôt, en 1993, lors de la sortie du film "L'Affaire
Pélican", mettant en vedette les deux acteurs. Tiré du best seller de
John GRISHAM, le film raconte l'enquête d'une jeune et brillante
étudiante en droit, Darby SHAW (Julia) poursuivie par les assassins de
deux juges de la Cour Suprême des Etats-Unis. Pour mener à bien son
enquête et échapper aux assassins, Darby SHAW se place sous la
protection de Gray GRANTHAM (Denzel), un journaliste chevronné qui
l'aidera à mettre à jour la conspiration et ses auteurs.

A la différence du roman originel, les deux personnages du film ne sont
pas liés romantiquement. Alors que dans le roman ils deviennent amants
très rapidement, la jeune étudiante ayant besoin de chaleur humaine
après que son professeur, mentor et amant ait été assassiné, le Gray
GRANTHAM joué par Denzel WASHINGTON se cantonne au rôle d'un pur
gentleman.

A la fin du film, un chaste baiser sur la joue lui tient lieu de
récompense, même si le regard de Darby quand elle l'entend dire à la
télévision que Darby SHAW est "presque trop belle pour être vraie" en
dit des tonnes.

Le baiser de la cérémonie des OScars 2002 n'était donc que pour la
gallerie. En effet, Julia ROBERTS avait été affectée par les rumeurs
selon lesquelles c'est elle qui avait refusé de tourner des scènes
romantiques avec Denzel WASHINGTON (un comble dans la mesure où elle
avait exigé des producteurs que le rôle de GRANTHAM aille à Denzel
WASHINGTON et non un autre acteur !)

Julia ROBERTS et le Mouvement des Droits Civiques

Un fait peu connu est qu'en 1966, Walter et Betty ROBERTS, comédiens
amateurs par ailleurs engagés dans le combat des Droits Civiques, ont
donné des cours de comédie aux enfants du pasteur Martin Luther KING
Jr., sans doute pour les distraire des pressions et des menaces pesant
sur la famille du leader afro-américain.
Quand, le 28 Octobre 1967, Betty ROBERTS accoucha de la petite Julia,
c'est Coretta SCOTT KING, l'épouse de Martin Luther KING, qui régla la
note des frais médicaux en signe de gratitude.

Jets privés, limousines et tarmacs d'aéroports...

Selon les interviews des deux acteurs, lors du tournage de "L'Affaire
Pélican", Denzel WASHINGTON avait pris prétexte du peu de vraisemblance
de la liaison entre le deux personnages de "L'Affaire Pélican" (Darby
SHAW ayant été témoin de la mort de son amant dans une explosion
quelques jours avant leur rencontre) pour justifier son refus de toute
scène de baiser.

Le compromis qui fut établi avec les producteurs du film fut donc un
chaste baiser sur la joue avant le départ nocturne de Darby pour une
petite île discrète de la Caraïbe. Et Julia ROBERTS rajouta le "regard
qui en dit des tonnes" pour conclure le film.

La scène d'aéroport qui conclut "L'Affaire Pélican" contredit les
standards des productions hollywoodiennes : jets privés, limousines et
tarmacs d'aéroports déserts sont généralement le prétexte à des
embrassades passionnées, comme dans "Bodyguard" en 1992 (encore un
couple interracial, mais avec cette fois une femme Afro-Américaine,
Whitney HOUSTON).

Denzel et son "coeur de cible"

En fait, il apparait que Denzel WASHINGTON, à l'époque, se basait sur
les attentes de son coeur de cible, le public féminin afro-américain,
dont il était l'ic6one depuis le feuilleton "Saint
Elsewhere" ("URGENCES" avant la lettre) ou son personnage, Philip
CHANDLER, refusait, dans une scène d'anthologie, les avances d'une femme
Blanche.

Les "divergences artistiques" ayant motivé le départ de l'acteur du
tournage de "Love Field", un film de 1992 dont la vedette était Michelle
PFEIFFER, peuvent être rapprochées de son choix de maintenir une image
conforme aux attentes de son public féminin. Denzel WASHINTON fut
remplacé par Dennis HAYSBERT, les deux personnages principaux ayant
effectivement quelques scènes romantiques.

Il en est sans doute de même de la suppression de l'intrigue romantique
devant le lier à Kelly LYNCH dans "Virtuosity" (1995), un médiocre
thriller mâtiné de science-fiction dont la fin apparaîssait ainsi comme
loufoque.

C'est en 1998, avec Spike LEE, que Denzel WASHINGTON a finalement brisé
le tabou des relations interraciales à l'ecran. Les scènes d'amour avec
le personnage interprêté par Milla JOVOVITCH ont causé des scènesde
quasi-hystérie dans les salles de cinéma où le public féminin
afro-américain était en majorité. Certaines femmes hurlaient à l'ecran
"Denzel, tu avais promis !". Le préjugé selon lequel les hommes
Afro-Américains ayant un certain succès social préfèrent des partenaires
Blanches est la cause de complexes difficiles à gérer.

Don't be kissing no dude !!!

Le statut et le succès de Denzel WASHINGTON a fait de lui un mentor pour
plusieurs jeunes acteurs afro-américains. Ce fut le cas avec Will SMITH,
tourmenté par les exigences de son premier rôle dramatique, celui d'un
jeune escroc homosexuel dans "Six Degrés de Séparation" (1993).
Cherchant un avis éclairé auprès de Denzel WASHINGTON, Will SMITH fut
marqué par le conseil lapidaire de ce dernier : "Don't be kissing no
dude !" ("N'embrasse pas de mec").

Manifestement, la dernière décennie a apporté de nombreux changements
dans les relations interraciales sur les écrans hollywoodiens.

Dans "In the Mix" (2004) USHER joue le rôle d'un DJ ayant une liaison
avec la fille d'un mafioso italo-américain.

En 2005, Will SMITH a été pressenti pour jouer le rôle du mari dans
"Monsieur et Madame SMITH", aux côtés d'Angelina JOLIE. Le couple de
tueurs aurait été interracial si le rôle n'avait finalement été dévolu à
Brad PITT (dont le salaire de base est inférieur à celui de Will SMITH)

Dans "Shark Slayer", même s'il ne s'agit que d'un dessin animé, le
poisson dont la voix est celle de Will SMITH flirte avec une belle
sardine dont la voix est celle d'Angelina JOLIE... avant de former un
couple avec une autre carpe jouée par Renée ZELWEGGER.

Enfin, dans "Hitch" (2005), Will SMITH semble oublier les sages conseils
de Denzel WASHINGTON, avec un très bref et très drôle baiser échangé
avec Kevin JAMES qui est non seulement Blanc, mais aussi de sexe
masculin.

Les fans de l'acteur ne semble pas en avoir pris ombrage !!!

© Bwabrilé, 3 mai 2006.

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